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Le patinage synchronisé vu par d'autres athlètes


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Henri Aalto, ancien joueur de football professionnel finlandais, et Ella van Vloten, patineuse de vitesse néerlandaise, ont découvert le patinage synchronisé cette saison. Qu'en pensent-ils ? (Crédits : Juhani Järvenpää)

Tout au long de la saison, nous avons invité des athlètes prestigieux d'autres sports à faire l'expérience du patinage synchronisé pour la première fois. Leurs réactions révèlent des aspects typiques de la synchro: beauté, harmonie, rapidité, travail d’équipe et esprit communautaire.

La saison de compétition 2023-24 est officiellement terminée, culminant avec les Championnats du monde organisés plus tôt ce mois-ci à Zagreb, en Croatie. Tout au long de la saison, les événements de patinage synchronisé ont attiré des milliers de fans et supporters passionnés ainsi que de nouveaux venus dans ce sport. Nous avons discuté avec deux athlètes qui ont découvert le sport cette saison, ce qui nous a permis de redécouvrir le sport à travers leurs yeux. Les échanges ont révélé les atouts uniques du patinage synchronisé et mis en évidence son potentiel pour devenir une discipline olympique.

"Elles se déplacent vraiment en une seule unité; un peu comme des abeilles!"
Ella van Vloten, une patineuse de vitesse des Pays-Bas, a découvert le patinage synchronisé pour la première fois lors de la compétition du Synchro Tour à Helsinki en novembre. Sa première réaction a été : "Elles se déplacent vraiment en une seule unité; un peu comme des abeilles ! " Elle a été impressionnée par la nature du mouvement, la vitesse et la rapidité avec laquelle les patineurs parviennent à récupérer et à reprendre leur programme après une chute. "J'aime aussi la façon dont on peut voir la différence entre les seniors et les juniors. Les deux étaient impressionnants, mais les seniors étaient si rapides et ils étaient tout de même capables d'exécuter les éléments."

Elle était fascinée par la coopération entre les éléments à effectuer sur la glace et de la musique dans le sport : "C'est très intéressant à voir car cela il ne s'agit pas seulement de "patinage sur glace" ; c'est aussi créatif, et il faut avoir cette coordination pour correspondre au rythme de la musique. Vous devez vraiment bien synchroniser votre patinage avec la musique.

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Henri Aalto, ancien footballeur professionnel finlandais, était dans le public pour la première fois cette saison après n'avoir vu ce sport qu'à la télévision auparavant. La compétition à laquelle il a participé était le Marie Lundmark Trophy en février. La synchronicité et l'unisson furent aussi les premières choses qui ont tout de suite attiré l'attention d'Henri.

"Cela m'a immédiatement frappé : ' je me suis dit OK, le niveau ici est très élevé.' Le sport a cette sorte de mouvement collectif, très synchro et une certaine beauté harmonique. Cela m'a profondément chamboulé. C’est, d’un point de vue émotionnel, le type d’événement auquel j’aime assister en tant que spectateur", raconte-t-il.

"J'ai été très impressionné par l'ambiance générale dans la patinoire"
Ce qui l'a le plus marqué, c'est le sentiment d'unité et de gaieté lors de la compétition : "J'ai été très impressionné par l'ambiance générale dans la patinoire. C'était très chaleureux, avec un certain air de carnaval. Les groupes chantaient, applaudissaient et s’encourageaient."

La plus grande différence avec son propre sport est la liberté du public, sans hostilité : "Ici, vous pouvez simplement être vous-mêmes et vous immerger ; d'une manière ou d'une autre, les gens ne se soucient pas trop de leur apparence ou de ce qu'ils font. Ils existent simplement et profitent du moment présent. C'est quelque chose que j'ai ressenti. Lorsque vous allez voir un match de football, ou lorsque j'ai récemment assisté à un match de hockey, il y a une certaine retenue consciente et un engagement calculé, surtout en Finlande, qui ne sont pas du tout présentes ici. Cela m’a permis d'avoir une expérience impressionnante ou, disons une dimension différente."


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Henri Aalto, joueur professionnel de football, pose un regard sur le patinage synchro. (Credits: Juhani Järvenpää)

Sensibiliser et susciter l’intérêt
C'est ce qu'Henri considère comme l'atout principal du patinage synchronisé, ou l'élément à mettre en avant en marketing pour attirer le public et développer le sport pour le grand public. "Toutes sortes de sports sont présents aux Jeux olympiques aujourd'hui – il s'agit simplement d'intéresser les gens." Le marketing est essentiel : "C'est le seul moyen de sensibiliser et rendre populaire."

"Il faut constamment trouver de nouvelles façons de susciter l'intérêt, d'impliquer les gens et de les faire participer. Il ne suffit pas de croire que les gens le découvriront par eux-mêmes et tomberont amoureux ; il faut quelque chose de plus. Henri croit également à l'utilisation d'athlètes individuels pour promouvoir le sport : "Des sortes de personnages, qui partagent une histoire, leur visage – pour le meilleur ou pour le pire, c'est ce qui rapproche les gens de quelque chose."

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Similitudes avec le cheerleading
Henri souhaiterait aussi qu'il y ait plus de collaboration entre les sports, par exemple à travers l'organisation d'événements communs. Ella partage également cette vision. Cela l’a amenée pour sa part à réfléchir aux similitudes entre le cheerleading et le patinage synchronisé – et, par là même, aux différences avec son propre sport de glace.

"J'ai trouvé ça cool de terminer l'événement avec un peu de cheerleading. Peut-être que l'ajout d'autres sports peuvent être intégrés à la compétition. Par exemple le patinage synchronisé, nous ne le voyons pas en patinage de vitesse. Pour moi, le cheerleading est vraiment similaire à la synchro. Il y a de la musique, il y a du rythme, on forme une équipe et on s'entraide. Il y a peut-être des pistes à explorer."


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La patineuse de vitesse Ella van Vloten would like to see more collaboration between sports.

Outre les différences, des similitudes ont été discutées. Pour Henri, il y a quelque chose d'universel dans les sports collectifs : "On sent l'énergie du groupe lors de la compétition. Vous pouviez ressentir à la fois chaque individu et le collectif, ainsi que la façon dont les individus réagissaient à leur déception et comment les gens autour d'eux réagissaient à cela à leur manière. Certains avec plus de chaleur et de soutien, d'autres peut-être davantage en récupérant. Ce sont les régularités : la tension, la concentration, le succès ou l’échec, toute la gamme émotionnelle."

"Ce que je trouve fascinant dans le sport en tant que spectateur, c'est de vivre tout l'acte dramatique à travers l'athlète. Je crois que cela unifie tous les sports, la culture et l’art. En fin de compte, je pense que c’est ce qui attire le public."